AFGHANISTAN : UN TROU SANS FOND !

Publié le par Takeda Tetsuya

Des milliards de dollars pour sauver un Afghanistan en péril JEAN-PIERRE PERRIN
QUOTIDIEN : vendredi 13 juin 2008

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Un engagement à hauteur d’environ 21 milliards de dollars (14,3 milliards d’euros), des discours lénifiants et beaucoup de vœux pieux : la conférence internationale de Paris sur l’Afghanistan n’a guère semblé hier prendre la mesure de la situation dramatique dans laquelle est tombé le pays sept ans après la chute des talibans. Du grand spectacle avec plus de 80 délégations - 68 pays et 17 institutions internationales - réunies sous le parrainage de Hamid Karzaï, Nicolas Sarkozy et du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. Mais on voit mal, quand bien même les participants ont exhorté Kaboul à lutter contre la corruption et à consolider un état de droit précaire, comment le président afghan pourrait inverser des phénomènes qu’il a lui-même largement contribués à créer.

«Peuple martyr». Karzaï a cependant présenté un ambitieux plan de développement de 50,1 milliards de dollars (34 milliards d’euros) sur cinq ans, axé prioritairement sur les infrastructures, la sécurité, l’éducation et l’agriculture. Les promesses d’aide sont loin d’atteindre ce chiffre puisqu’elles avoisinent 21 milliards de dollars. «C’est un succès parce que nous nous attendions dans nos rêves à 17 milliards. Nous n’attendions pas une somme aussi considérable» , a déclaré Bernard Kouchner. La moitié de cette somme sera versée sous deux ans par les Etats-Unis, a indiqué Laura Bush, la femme du président, qui conduisait la délégation américaine. De son côté, Sarkozy a annoncé «un renforcement de l’aide française» qui sera «plus que doublée», soit un engagement de 107 millions d’euros sur 2008-2010, en priorité pour l’agriculture et la santé. «La communauté internationale n’a pas à rougir d’être à côté d’un peuple martyr […]. La France maintiendra son engagement en Afghanistan aussi longtemps que ce sera nécessaire pour gagner, parce qu’on ne cède pas devant les terroristes» , a lancé le président français, en rappelant qu’un bataillon supplémentaire serait bien déployé cet été dans l’est du pays. Une déclaration qui tranche avec celle faite en 2007, dans un contexte il est vrai électoral, où il affirmait que «la France n’a pas vocation à rester en Afghanistan». Dans son allocution, Karzaï a rendu hommage à son hôte : «Peut-être que vous représentez mieux l’Afghanistan que moi.» Il a ensuite rappelé que «la sécurité restait le plus grand défi» de son pays.

Dérives. Reste que l’étendue du chaos dans lequel s’enfonce l’Afghanistan n’a guère été prise en compte par la conférence. C’est en marge de la conférence qu’elle l’a été, notamment lors d’un séminaire à Paris de la fondation Carnegie Europe, où un véritable état des lieux a été dressé. «Ce n’est pas les talibans qui sont forts, c’est notre gouvernement qui est faible. La corruption est plus dangereuse que les talibans. La démocratie a été kidnappée par le népotisme, la corruption et les mafias» , a déploré le député Daoud Sultanzoy, aussi président de la Commission de l’économie nationale, Daoud Sultanzoy. Pour lui, aucun progrès réel ne pourra être entrepris si le gouvernement afghan n’est pas tenu pour responsable des dérives du pays. Ali Jalili, un chercheur afghan et ancien ministre de l’Intérieur, a regretté le manque systématique de coordination dans l’aide internationale - «chacun fait ce qu’il veut» - et l’absence totale de vision des pays engagés. Même constat d’Amnesty International pour qui «la population affronte une insécurité croissante, un commerce florissant de la drogue, une absence de respect envers la loi et des droits de l’homme et un système judiciaire inepte, une faible gouvernance et une corruption endémique».

Le député de Daoud Sultanzoy, lui, fait ce constat : «Qu’est ce que veut le paysan afghan à la fin de la journée ? Un morceau de pain, un verre de thé et un peu de fierté. Ce que l’aide internationale est impuissante à lui donner.»
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Publié dans Internationnal

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