COMITÉ DE SALUT PUBLIC (définition & historique)

Publié le par Takeda Tetsuya

petit rappel scolaire pour nos lecteurs en mal d'histoire




Le Comité de salut public est un organe du gouvernement révolutionnaire mis en place par Bertrand Barère de Vieuzac le 6 avril 1793 pour faire face aux oppositions qui menaçaient la Révolution et qui fut chargé de proposer des mesures énergiques pour assurer sa sauvegarde, tant sur les frontières qu'à l'intérieur du pays. Élu pour un mois et rééligible, il se substitua peu à peu aux anciens ministères et devint le véritable gouvernement de la France jusqu’au Directoire.


Il fut moins dominé par les personnalités de Georges Danton ou de Maximilien Robespierre, comme on le croit généralement, que par celle de Bertrand Barère - membre inamovible pendant dix-sept mois -, qui disposa de la majorité des voix sous la Grande Terreur, imposa la plupart des décisions et, en liaison avec le Comité de sûreté générale à sa dévotion, imposa la dictature révolutionnaire et la politique répressive dite de Terreur dont la mise "à l'ordre du jour", annoncée par lui le 5 septembre 1793, fut faite au nom du "salut public" et de la "sûreté générale". Les débordements de cette politique, qui ont gravement noirci l'image de la Révolution française dans le monde, ont été présentés expliqués ou justifiés par certaines "écoles" historiques du XXe siècle - dont Georges Lefebvre qui assimile le Comité de salut public aux "robespierristes"[1] - sans jamais pouvoir entraîner un consensus national et la conviction des observateurs étrangers.



Politique du comité de salut public

Lors de la séance du 31 juillet 1793, pour fêter la prise des Tuileries du 10 août 1792, Barère, proposa de détruire des tombeaux de la basilique Saint-Denis.

Les membres du « Grand Comité de salut public » qui ne furent bientôt plus que neuf, furent loin d’être unanimes dans leurs opinions, et particulièrement à la fin de l'hiver 1793-1794[2].

Une rupture assez peu visible d'abord s'opéra peu à peu entre d'une part Robert Lindet, Lazare Carnot; Jacques Nicolas Billaud-Varenne, Jean-Marie Collot d'Herbois, Bertrand Barère de Vieuzac et, d'autre part, Claude-Antoine Prieur-Duvernois, Maximilien Robespierre, Louis-Antoine-Léon Saint-Just et Georges Couthon.

Maximilien Robespierre pour ce qui le concerne particulièrement, n'eut aucune influence particulière au Comité de salut public. Il fit connaître ses idées au club des Jacobins, cherchant ensuite à le faire partager avec ses collègues. Mais Bertrand Barère de Vieuzac, indésirable aux Jacobins depuis 1792, s'opposa souvent mais jamais de façon frontale, aux propositions de Robespierre et particulièrement en ce qui concerne les grands dossiers comme la recherche de la paix extérieure, la pacification de la Vendée, le rappel des représentants en mission comme Joseph Fouché (à Lyon), Jean-Baptiste Carrier (à Nantes), Le Bon (à Arras), Maignet (à Orange), et la répression en général. Or Maximilien Robespierre jouissait d'une grande popularité non seulement aux jacobins mais à la Commune de Paris et dans les sections, engageant le « Grand Comité de Salut public » dans une politique sociale qu’il a résumée ainsi dans son carnet : subsistances et lois populaires.

Si la thèse de la menace intérieure — insurrections royalistes et fédéralistes — et extérieure - la guerre totale - est la première des explications à envisager et justifia une réponse révolutionnaire, il ne faut pas exclure d'autres facteurs tenant non pas aux institutions mais aux hommes chargés d'en assurer le fonctionnement. Souvent présentée comme une justification du bien fondé des décisions prises par le Comité de salut public, la Convention nationale censée détenir l’autorité suprême, n'a pas toujours pu entériner dans la sérénité nécessaire les décisions qui lui étaient proposées par le Comité de salut public et qu'elle était chargée d'examiner, de discuter et de voter. Certains décrets, dont celui, inspiré par Barère et dénoncé par Camille Desmoulins, qui permit au Comité de salut public, à la majorité des voix, de renvoyer des conventionnels en prison sans en référer préalablement à l'Assemblée, modifia profondément la donne politique et pose évidemment la question du caractère démocratique du gouvernement révolutionnaire de l'an II.

Alors que le régime est toujours menacé par l’intervention des armées étrangères, le Comité de salut public, sous l'impulsion de sa majorité, prétend gouverner le pays d'une main de fer, maintenant en province et aux armées des représentants en mission qui appliquent une politique de Terreur. Dans chaque commune, ceux-ci pouvaient s’appuyer sur des comités de surveillance qui, par suite d'excès en tous genres, seront supprimés le 8 avril 1794.

   1. ↑ G. Lefebvre, « La rivalité du Comité de salut public et du Comité de sûreté générale », Revue historique, CLXVII, 2e série.
   2. ↑ Les procès politiques autour de Hébert et de Danton ont révélé des dissensions qui étaient inexprimées jusqu'alors : Robespierre se défiait de la mainmise sur la Commune par de "faux patriotes" amis ou protégés de Collot d'Herbois et Barère de Vieuzac qui, malgré leurs efforts ne purent sauver certains d'entre eux, sinon Jean-Nicolas Pache, Audouin, La Chevardière, etc. qui échappèrent à l'échafaud. Au contraire, Barère et Collot eurent la tête de Danton, Camille et Lucile Desmoulins dont Robespierre ne put empêcher la mort

Publié dans Actualité française

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