SARKO : FOSSOYEUR DES ARMÉES !

Publié le par Takeda Tetsuya

Entre Nicolas Sarkozy et les militaires, «la fracture est consommée», lâche un officier supérieur. Rien de moins. La virulence des propos du Président, au lendemain du drame de Carcassonne, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Ils ne s’expriment pas à visage découvert, mais les militaires le disent quasiment tous, d’une manière ou d’une autre : «Le Président ne nous aime pas. Il ne nous comprend pas.» Pour des gens dont la fidélité au chef est un principe, cette découverte est douloureuse. D’autant qu’elle concerne un président de droite, pour lequel la majorité des militaires a voté.




Incompréhension.

Le problème est d’abord culturel : entre l’armée et le chef de l’Etat, le courant ne passe pas. Le style Sarkozy détonne dans l’univers un peu guindé des prises d’armes et des cérémonies militaires. Lors de sa visite aux Glières, en mars, un général à la retraite demande une dizaine de Légion d’honneur pour des anciens combattants. «Je vous en donne quinze. Vous êtes content ?» lâche Nicolas Sarkozy, croyant sans doute faire plaisir. Sa désinvolture vis-à-vis de cette décoration choque. Incompréhension aussi lorsque, en mai, le président de la République annule au dernier moment la visite qu’il devait rendre aux Casques bleus français du Sud-Liban, pour rentrer plus tôt passer la soirée à Paris.


Nicolas Sarkozy n’a rien d’un «fana-mili», comme pouvait l’être Jacques Chirac. Son penchant naturel le pousse vers l’univers policier, dont les valeurs et les usages ne ressemblent guère à ceux que l’on rencontre dans les casernes. «Lorsque mes homologues de la police se rencontrent, ils s’embrassent et se donnent l’accolade. Nous, nous saluons nos supérieurs !» témoigne un officier de gendarmerie.


Ce style passerait encore s’il ne s’accompagnait pas de mesures qui font grincer les dents. Le Livre blanc sur la défense, présenté en grande pompe par le chef de l’Etat le 17 juin, prévoit la suppression de 54 000 postes au sein des armées, soit une baisse de 17 % en six ou sept ans. Une décision qui tombe alors que la France vient de décider d’envoyer des renforts en Afghanistan, dans un secteur que l’état-major juge lui-même «très difficile». Habitués depuis quinze ans à des opérations de maintien de la paix, les militaires découvrent qu’ils sont mal équipés pour des combats plus durs. En décembre, le général Cuche, qui a démissionné hier, dénonçait d’ailleurs les risques de «paupérisation» de son armée. Assez mal accueilli dans les armées, le Livre blanc a aussitôt suscité une tribune de protestation, publiée dans le Figaro, sous le pseudonyme de Surcouf. L’Elysée a exigé que la DPSD (ex-Sécurité militaire) trouve les coupables. Or, le «silence dans les rangs !» passe de plus en mal dans une armée, composée uniquement de professionnels et de volontaires.


Désamour.

 

La tension est telle que, parmi la jeune génération d’officiers, très décomplexée, certains en viennent à théoriser - toujours en privé - l’apparition d’un nouvel «antimilitarisme de droite». Choc des valeurs entre des militaires plutôt tradis, souvent cathos, attachés au service du pays comme au «rôle social de l’officier», et une droite proche des milieux d’affaires et du show-biz. «L’armée recrute ses officiers dans la bourgeoisie de province et l’aristocratie désargentée. Et ses hommes du rang, dans les milieux populaires, avec beaucoup de jeunes issus de l’immigration», constate un chef de corps. Un univers très éloigné de celui que l’élection de Nicolas Sarkozy a propulsé sur le devant de la scène. Fait d’incompréhension réciproque, le désamour est bien là.

Publié dans Actualité française

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